jeudi 26 juin 2008

dans le miroir qui recouvre l'intérieur des congélateurs du Monoprix ma tête est moins belle que d'habitude, quelques imperfections visibles par tous et qui me démoralisent.
je prends deux bouteilles de "Limonade light" l'équivalant monoprix du Sprite Zero, 0,59€ la bouteille, plus un litre de taillefine fizz agrumes

deux caisses devant moi il y a encore la jeune inexpérimentée dans son sweat rouge Monoprix, la dame devant moi achète du beurre, des cornichons et des yahourts nature monoprix, derrière une famille achète un pack de bouteilles Nestlé Aquarelle, des bières, des petites et grandes briques de jus de fruits, des cornichons aussi, des Maille. j'imagine les différents produits passer à travers les estomacs de la famille
j'ai envie de Tic Tac cerise vendus par boîte de six mais le billet que je tends à la madame est à ma mère. sur l'escalator il y a deux beaux jeunes hommes en short et tong qui achètent un pack de bouteilles d'eau, se plaignant du prix. Au premier étage, celui des produits d'hygiène, des vêtements, de la librairie et de la papeterie il y a beaucoup de mamans en couple avec des poussettes, des têtes blondes à claquer qui lisent des livres qui ne leurs appartiennent pas assis par terre en tailleur. La ville est divisée entre zones d'ombre et zones ensoleillées, je tiens le sac à l'aide de 3 phalanges pour 4 litres de flotte aromatisée et édulcorée.
un homme rentre six secondes avant moi dans la résidence, une chance sur six pour qu'il habite dans mon immeuble et que je sois obligée de ralentir pour ne pas prendre l'ascenseur avec lui. j'arrive à ralentir, le courrier me fait gagner six secondes.


j'ai un peu de temps à tuer avant mon cinéma avec Cécilia, je zappe comme j'aime bien le faire en ce moment, hier on littéralement passé la soirée entière à zapper sur n'importe quoi avec Emile et Myriam. Nous trois, au salon en pyjama, ça faisait bien longtemps. On s'emmerdait tellement, ça en devenait mortel, on avait envie de rien, ni de DVD, ni de livre, ni de cinéma et dans ces moments-là c'est difficile à expliquer mais la télévision reste tolérée. on a fini devant une série canadienne puis Fogiel une fois rentré dans la chambre, Emile dormant par terre sur un tas de coussins au milieu de nos deux lits.

En attendant de pouvoir partir j'ai zappé jusqu'à tomber sur un épisode de H sur Comédie, j'ai dû regarder cette série trois fois dans ma vie et c'est bizarre de voir que le jour où je vais voir Seuls Two avec Cécilia je tombe sur Eric et Ramzy à la télé.
Je pars un peu plus tôt de chez moi histoire d'avoir le temps pour regarder les vêtements soldés dans les magasins, je veux surtout aller chez Muji.

remarque sur les bus en été :
Selon où on se place dans le bus ça sent soit la transpiration soit le déodorant bon marché.

Une fois chez Muji j'arrive à trouver la chemise bleu marine manches courtes et le polo bleu marine que j'avais repéré il y a des mois de cela, c'est bien parce que chez Muji tu peux entrer comme tu veux dans les cabines, personne ne te surveilles, on a confiance en toi et mine de rien ça influe terriblement sur l'image du magasin.
La chemise est en S, la matière est un peu rigide et reste en place, c'est vraiment la classe, le polo c'est du M, les manches sont 3/4, les deux sont à -30%, en plus de ça je prends un nouveau "carnet à idées", la spirale est assez grande pour y faire entrer un stylo et il est soldé.
L'argent involontairement épargnée pendant presque un mois se volatilise en quelques gestes, ça a toujours été comme ça, il faut bien tout dépenser à un moment ou à un autre, j'avais réussi à économiser 50 euros, j'en dépense 42, j'ai le temps de passer chez H&M pour voir comment se porte le pantalon noir repéré là aussi il y a des mois.
C'est une jungle de textiles bariolés, il y en a partout, accrochés à des cintres, posés sur des cintres, par terre, dans les bras des vendeuses, dans les bras des clientes, sur des clientes qui essaye à même le magasin.
Le pantalon est à -50%, je l'achèterai le lendemain pour l'essayer chez moi et me rendre compte qu'il me va plus que je ne l'espérais. Un peu taille haute, à pinces, slim en bas, en jean doux, ma mère me demandera carrément d'aller lui acheter le même, ma soeur, elle, me dira "t'es bizarre, comment tu trouves des trucs comme ça chez H&M?, t'es forte."
On peut dire ce qu'on veut, l'achat modéré de vêtements qui vous vont rend joyeux pour un temps.

Je retrouve Cécilia devant l'UGC, on arrive en même temps, elle porte un haut fleuri en mousseline dans des tons beiges, un jean et des talons en bois neuf. Ça change parce qu'elle a tendance à ne s'habiller qu'en noir, blanc et rouge, comme Charlette et Julie d'ailleurs. Elle me voit avec mon petit sac en kraft, "j'ai crû que t'avais acheter du Mcdo, je me suis dit "Murielle avec du mcdo???""
Le problème est le suivant :
Nous voulons aller à l'avant-première de Seuls two avec une intervention d'Eric et Ramzy
Cécilia a réservé et retiré sa place, elle ne peut donc pas en retirer une autre pour un autre film
J'ai essayé de réserver la mienne chez moi mais la séance était déjà complète
On compte sur les dix dernières minutes avant la séance pour me retirer une place car c'est à ce moment que toutes les réservations non retirées sont annulées.

Peut-être vous vous dites que nous sommes fan d'Eric et Ramzy mais c'est pas du tout le cas et je saurai pas vous expliquer pourquoi on s'est tant acharné à vouloir me trouver une place. Je crois que sans Cécilia et vice versa, je serais pas allée voir le film. C'était une occasion de faire quelque chose, de sortir de chez soi. On allait bientôt se retrouver seules (two), elle sans son "ami" Jérémie et moi sans possibilité de croire encore à un rendez-vous avec A., l'un comme l'autre partant pour plus d'un mois de vacances.
Une fois les "10 minutes avant la séance" commencées on s'est jeté sur une borne d'achat et on a essayé de retirer une place jusqu'à que ça marche, je faisais le geste frénétiquement et sans y croire tout en parlant à Cécilia, toujours le même message "il n'y a plus de places pour cette séance", je fais ça une vingtaine de fois,
jusqu'au moment où la place s'imprime.
Cris de joie, Coupe du monde 1998 dans nos coeurs.

La salle est bondée, très curieusement les gens se placent surtout au fond plutôt que devant, personne n'a envie de courir toucher Eric et Ramzy, étant entrées dans les derniers on se retrouve tout devant, Eric et Ramzy viennent au début de la séance contrairement à Michel Gondry qui la dernière fois était venu après son film.
Il reste là pas plus de 20 minutes, 20 minutes où on ne peut pas s'arrêter de rire, ça commence par "y'a beaucoup d'arabes ici, ça se sent quand on rentre", et ça finit sur "et n'oubliez pas 5 fruits et légumes par jour, même 5 fois le même fruit" puis entre les deux un jet de t-shirt à l'effigie du film provoquant des micro-émeutes.
Sinon le film était bien nase.

mardi 24 juin 2008

je me suis levée à midi, j'ai pris ma douche, j'ai enfilé mon bas de pyjama et mon t-shirt des beach boys qui est un t-shirt intermédiaire entre la tenue pour sortir et la tenue pour trainer.

j'ai déjeuné dans la cuisine avec la radio, j'avais encore faim alors j'ai pris un bol de céréales auchan Déliform' et une tasse de café avec la soucoupe, je suis allée au salon, je me suis allongée sur le canapé, j'ai regardé une rediffusion de "On n'a pas tout dit" sur TV5, l'émission de Ruquier. c'était la première fois que je regardais l'émission. apparemment Annie Lemoine partait définitivement de l'émission, ils lui faisaient un hommage, ils avaient ramenés sa soeur et ses triplés, c'était gênant mais elle maitrisait la situation. tout son talent résidait là, à la fin chacun lui offrait un cadeau, elle a eu droit à l'intégral Sex and the city, un stylo Mont Blanc et un ballon de rugby avec en prime un rugbyman qui est venu sur le plateau et qui la porter jusqu'aux coulisses. à écrire ça paraît invraisemblable

après j'ai zappé sur "l'édition spéciale" avec samuel étienne, ça parlait des soldes, que ça allait être la folie, que les français n'ont pas acheté depuis des mois et que là ils comptaient se défouler. c'était un peu n'importe quoi, ça m'a un peu écoeuré, je m'imaginais des piles de vêtements et de bêtises, des armoires pleines à craquer, remplies comme des estomacs un soir de Noël.
Avec ma mère quand c'est les soldes d'été et seulement d'été, elle nous emmène en voiture au Gap et au Benetton des Champs-Elysées et on choisit ce qu'on veut et ensuite on lui montre et ensuite elle fait le tri.
Bizarrement elle a toujours dit oui à tout ce que je proposais, elle sait que je m'irrite vite et que je supporte mal son autorité, alors que pour ma soeur elle lui dit très souvent "non" jusqu'à même lui choisir ses fringues et c'est comme ça pour tout, pour les manteaux et les chaussures, pour le maillot, les robes de soirée.
Très souvent à quelques jours de notre départ pour le liban elle lui fait "t'as aucune belle tenue pour le liban, aucun beaux ensembles" et elle part lui trouver des trucs.
moi je fais tout vite, je sais ce qui me plaît et ce qui me va, et ce qui me va et qui me plaît en même temps, je suis pas du tout difficile, ma mère ne contrôle plus du tout mon style.
Aux soldes d'hiver j'y vais toute seule avec l'argent que mon père me donne, je fais un seul jour d'achat, je reviens, j'essaye tout et je leurs montre, le plus souvent elles trouvent ça trop beau, parfois ma mère dit même "tu me le prêteras?".

donc je disais...je disais quoi

je disais donc qu'à la télé ça parlait "fièvre acheteuse" qui sauverait les commerçants qui n'ont pas vus de clients depuis des mois et qui ont des "stocks immenses à vider", la pile de vêtements passant de bras à en bras. c'était merveilleux à se figurer

quand je suis retournée dans ma chambre j'ai regardé mon portable au cas où un SMS s'y serait égaré, j'en avais 4, c'était Pierre-Alexandre qui dans un premier temps me proposait d'aller au cinéma, puis dans un deuxième temps de répondre, puis ça menaçait de venir chez moi, je lui ai d'abord répondu que j'étais désolée et que je regardais la télé, que j'avais vu tout les films que je voulais voir au cinéma (sagan, phenomenes, eldorado, JCVD, Sans sarah rien ne va) mais que s'il voulait on pouvait voir une merde, il répondait "on peut aller faire des repérages pour les soldes et lire Closer" je répondais "tu fais chier je voulais bosser, tu veux aller où?" en attendant sa réponse je suis allée me laver les cheveux, qui étaient propres mais que je trouvais pas beaux, "ternes" comme ils disent dans les publicités.

il m'a répondu qu'il me laissait travailler et qu'il voulait pas que je foire mon bac à cause de lui, je l'ai trouvé gentil et prévenant, j'aime bien Pierre-Alexandre même s'il aime que les gens beaux et riches, c'est un Patrick Bateman pacifique, je connais pas encore de plus grand fan de Bret Easton Ellis que lui. On doit normalement se voir demain au Palais de tokyo

je n'ai pas tout de suite travaillé, si Pierre Alexandre m'avait vu il m'aurait tabassé.
je me suis faite un masque à l'argile que j'ai enlevé avant qu'il ait eu le temps de sécher, ma peau était rouge.
j'ai pris Candide, "Entre les murs" de Bégaudeau et le premier tome de l'Adolescent de Dostoievski, une paire de lunettes de soleil merdique et mon portable, je suis allée sur mon balcon pour bronzer un peu du visage et des bras. mes cheveux étaient mouillés et rejetés en arrière, j'étais assise sur une chaise, devant la table, les jambes sous la table et étendues sur une autre chaise.
j'ai respectivement fini la dizaine de pages qu'il me restait de Bégaudeau, puis l'appendice qui s'ajoutait à Candide, et j'ai commencé Dostoievski. J'ai fai tout ça le corps penché vers le seul coin ensoleillé du balcon avec quelques entractes pour boire un verre d'eau tiède parce que je n'ai plus de Coca Light, je n'ai plus de Sprite, il n'y a que des jus d'orange et je ne bois plus de jus d'orange depuis peut-être un an, c'est trop rempli de sucre et quand j'avais commencé un régime c'était la première chose que j'avais proscrit de mon alimentation, c'est après que je suis tombée dans la spirale infernale café/coca, spirale qui me convient très bien et qui constitue mes deux seuls vrais plaisirs alimentaires et quotidiens.

Je suis retournée sur la terrasse, les lunettes sur la tête et le visage tourné vers le ciel pour pouvoir bronzer des paupières. dans cette position j'ai pensé à deux choses, d'abord à la peau de mon crâne qui avait brûlé à l'endroit de la raie pendant les dernières vacances d'été 2007. je me souviens du moment où ma peau n'a plus du tout été la même, et où un eczéma s'est développé au niveau des joues et des coudes, où le soleil me grattait les bras et le visage, où ma peau définissait enfin sa nature hypersensible pour le restant de mes jours, jusque là j'avais vécu avec une peau grasse sur le visage et le reste du corps sans histoire et cette période était désormais révolue.
dans un deuxième temps j'ai pensé ce que j'avais lu un peu plus tôt sur le blog de Juliette et qui parlait de moi en ces termes :
"Pour sa maturité, pour son don dans l'exercice du simple qui devient complexe, de par sa vérité absolue. Pour son parcours, son évolution, sa générosité et son talent."
ça m'avait choqué et j'avais dû lire à plusieurs reprises la phrase pour pouvoir bien saisir tout ce qu'elle m'attribuait, je ne m'en remettais pas, moi-même je ne me sentais pas capable d'autant de compliments à l'égard de quelqu'un, je lui enviais sa bonté sans borne car chez moi en lieu et place de l'admiration se trouve le plus souvent la jalousie. Elle disait ce qu'on ne m'avait encore jamais dit, qui n'était peut-être pas vrai à mes yeux parce que je me suis cotôyer de trop près pour pouvoir juger de mon évolution et de mon parcours, mais elle le pensait, du moins au moment de l'écriture, je sais comment fluctuent les choses d'une minute à l'autre, comment on peut regretter des paroles sans pour autant avoir envie de les modifier. Elle le pensait et je recevais ça comme un énorme bouquet d'hortensias bien odorant, bouquet qui finit par fâner exactement de la même façon qu'un compliment s'oublie. Au début il a toujours l'effet d'un impact sur l'ego, d'un choc, d'une révélation de l'effet de notre écriture sur les personnes, puis le temps passe et le choc s'estompe, se ternit, et les doutes reviennent.
mais c'est bien de douter, surtout quand on aime écrire, c'est même le plus important, c'est le sentiment le plus légitime, le plus productif.

samedi 21 juin 2008



jeudi soir j'ai révisé toute ma physique et mon SVT pour l'épreuve du lendemain, vers 20 heures je m'habille, (jean, gilet bleu marine façon caban, converse basses noires, un petit sac gris avec de l'argent et mes clés), je descends, la ville est tranquille, la clarté du ciel m'éblouit à la façon d'un prisonnier qui revoit le ciel, je suis restée toute la journée sur la table de la salle à manger, l'obscurité arrivant si progressivement que je n'ai rien vu venir, que mes yeux s'y sont accomodés.

le Monoprix. Les portes coulisses, sur le côté je vois la femme qui est toujours là , assise à une caisse. je la soupçonne d'être à moitié folle, parfois elle crie trois fois les mêmes phrases à d'autres employés du Monoprix, enfin elle est bizarre, j'ai peur d'elle, de ce qu'elle me renvoit, je l'évite du mieux que je peux par exemple en fixant les polars qui lui font face.

je descends au sous-sol. en marchant à travers les rayons frais il faisait frais mais j'étais assez bien couverte. devant le rayon des glaces je me suis penchée pour regarder les barquettes de crème glacée, voir ce qu'il se faisait de neuf en matière de parfum. cappucino, banane. j'aurai voulu ôter tout les couvercles et contempler les surfaces crémeuses et régulières des glaces industrielles comme quand tu vas chez Haagen-Dasz, peut-être même enlever l'opercule fraîcheur et y planter quelques doigts.
en me penchant j'ai vu ma tête dans le miroir qui recouvre le côté des congélateurs, les premiers mots qui me sont venus en tête ont été "figure palotte mais amicale". je me déteste tellement quand je me trouve moche, j'étais rassurée.
en cinq minutes j'avais fini et je portais tout dans mes bras, une nouvelle caisse ouvrait, une madame s'exclamait "très bonne initiative", j'étais derrière elle et j'avais pris deux stylos roller, des Freedent Tabs à la framboise, une bouteille de Sprite Zero, des céréales monoprix avec les fruits rouges lyophilisés, une petite bouteille d'eau
au moment de scanner mes choix la meuf de caisse avait du mal avec le prix de la bouteille qui normalement est vendue en pack de six, elle finit par me dire "celle-ci elle se vend pas toute seule, elle est avec un pack". je la soupçonnais de ne pas avoir trouvé le prix à l'unité de la bouteille, elle semblait jeune = inexpérimentée. je lui dis "ah d'accord" et je l'ai laissé. il m'en fallait pourtant une pour demain, au lieu de ça le lendemain j'en achèterai une dans un distributeur sur le quai du métro La Défense aux alentours de 7h40 du matin.
j'en ai eu pour 9,48€ je crois, enfin le "8" est tapé au hasard car le 8 est la quintessence du chiffre aléatoire.
j'ai marché jusque chez moi, je portais le sac orange à l'aide d'une seule phalange, comme une pro

de retour chez moi j'ai rangé mes affaires, sous mon gilet caban j'avais mon t-shirt pour dormir, un vieux truc Zara à tête de mort que je portais pour les grandes occasions en 3ème. triste sort que de passer d'une tenue de fête à une tenue pour trainer et dormir.
j'avais plus qu'à enfiler le bas et déchausser les pieds puis me remettre à mes révisions.
quand j'ai voulu prendre un verre pour le Sprite j'ai hésité à prendre le verre Coca Cola qu'on a gagné au Quick, je culpabilisais à l'idée de boire du Sprite dans un verre Coca, ça m'aurait gêné, j'ai quand même des principes.

vendredi 20 juin 2008


cette semaine j'ai été livrée à moi-même, je devais organiser mes révisions et mes divertissements, je devais remplir au mieux mes journées.
je me lève à 8 heures soit par habitude soit parce que ma mère est en train de gueuler parce qu'elle ne trouve pas son eye-liner, je lui dis "mais c'est pas moi, ça fait des mois que j'y touche plus, arrête de crier, arrête de crier, arrête de crier, laissez moi dormir".
par la force des choses je me lève à cause de la faim, dans la cuisine je mets la radio, je prépare le café, je mange un pain au lait avec un bout de chocolat noir coincé à l'intérieur, c'est drôle parce que les nouveaux pains au lait sont spécialement conçus pour qu'on ait pas à sortir les couteaux pour les couper en leur milieu, il y a une petite fente presque imperceptible qu'il suffit d'élargir et le tour est joué.
plusieurs fois cette semaine il y a eu des grèves et France Inter faisait passer toute la journée de la musique, tout un monde s'arrêtait, le monde qui rythme mes journées, les voix qui vont avec les repas.
après le pain au lait j'ai tendance à manger des miel pops auchan ou des céréales pour le régime, je les mange pas dans un bol mais dans un verre, j'en mange beaucoup, je bois le café en dernier, je laisse un petit fond que je vide dans l'évier.

je nettoie tout, je retourne dans ma chambre, mon corps est aspiré par le lit et je me recouche. soit je lis pendant quelques heures, en ce moment c'est un recueil de contes philosophiques de Voltaire, Micromégas/Zadig/Candide,
soit j'allume la télé, je regarde les dessins animés, je regarde Tom and Jerry, c'est drôle parce que Tom appartient à une grosse madame et on voit jamais son visage, dans beaucoup de dessins animés américains on voit jamais la tête des humains, c'est très curieux et rempli de sens. Parfois ma soeur s'arrête de se préparer pour regarder un peu.
Si je me suis pas levée assez tôt pour Tom and Jerry je regarde les clips sur MCM ou alors le téléshopping qui est une chose qui a tendance à me faire du bien, à me rassurer. Ca a toujours été dans les choses les plus triviales que je trouve mon réconfort.

Quand la maison est vide sur les coups de 9 heures je m'autorise à écouter l'album "On the beach" de Neil Young, je commence par la plage numéro deux, "See the sky about to rain" que je repasse plusieurs fois pendant le laps de temps où je suis encore éveillée. Ensuite je me rendors, mes paupières se ferment et l'album tourne dans le vide, dans l'atmosphère d'une chambre adolescente plongée dans la pénombre. tout est alors parfaitement calme, sans histoire.

Je me réveille vers midi/13h, parfois je me suis endormie avec un comprimé de vitamine C dans la bouche, le goût qui persiste dans la bouche est pénible, très sucré, écoeurant. quand je vois mon visage dans le miroir il est tout blanc, exsangue, privé de sang et de lumière, je me dis que peut-être ça ira mieux avec l'eau chaude de la douche

Je vais dans la cabine de douche, je lave très bien mes cheveux longs, le corps court, je me brosse les dents, j'élimine ce qui reste de Miel Pops et de vitamines C, je sors, je mouille le sol, j'essorre mes cheveux, je me nettoie la peau avec mon Eau Précieuse, Charlette m'avait dit que c'était efficace et à la parapharmacie c'est ce qui m'avait décidé à l'acheter, je mets mon déodorant nivea pure, je m'habille, un jean en bas, le haut varie.
Après dans ma mémoire persiste le doute, je ne sais pas comment se passe l'après-midi, cette semaine ça m'arrivait de m'asseoir au salon pour écrire au propre des commentaires de texte pour mon oral de français qui aura lieu en juillet, je regardais LCI, j'écoutais l'album des Mystery Jets, j'essayais aussi de dévisser le disque dur de feu mon ordinateur portable, Emile était souvent là à 13h, le mercredi et le jeudi il termine tôt, je lui préparais à manger, je réchauffais du riz, je sortais le Oasis mange/framboise, je sortais une compote, en échange il me prêtait son ordinateur. Quand il avait fini de manger je devais le lui rendre et il continuait de jouer à Dofus pendant des heures, des millions d'heures, sans interruption, comme un débile mental. il ne décolle que très tard en fin d'après-midi pour descendre jouer en bas avec les autres gamins de la résidence, on les entend crier, il joue au foot. Avant de descendre il regarde Oggy et les cafards.

Ce n'est que vers 19 heures que je vais au cinéma, si je reste à la maison entre 18h et disons 22h ça me tape sur les nerfs, je supporte très mal et j'ai envie de sortir courir dehors.
Là je prends le bus, ça se passe bien, je dis "bonsoir" au chauffeur, je m'installe, j'entends des bribes de conversation assez intéressantes, comme la dernière fois dans la rue
"-elle est où?
-elle regarde la fin de Plus belle la vie"
ou encore
"-si tu veux pas aller à la piscine je peux y aller toute seule...
- non non, je viens, je sais que ça me fera du bien."


Bien sûr que je pense à A., son image n'est jamais loin, j'aime bien imaginer qu'on va au cinéma ensemble, qu'on prend du pop-corn et du coca zero, qu'on commente les bandes annonces, qu'on passe la soirée dans l'anonymat et le bonheur, le ventre et le coeur plein.
Au lieu de ça je mâche du chewing-gum à la menthe douce en rigolant pendant la pub Oasis
mes copains et moi on aime bien rigoler
on d'vient complètement fou
quand y a d'l'eau partout
la mandarine ça la fascine
- Et moi
La framboise c'est l'extase
- Et moi ! Et moi !
bon l'ananas
- Moi
Là tu m'agaces
et quand ça fait plouf
ça nous rend ouf
et quand ca fait splash
nous on s'esclaffe
les cascades et les geysers
pour tous les fruits c'est super
Spadibidoubadibadi
Oasis, oasis
plein de fruits, d'l'eau de source, du fun

_

quand je sors de la salle il fait encore jour, le bus du retour vient à 22h35, ma soeur est souvent dehors avec ses amis, ma mère et mon père dorment, je regarde la télé, je vais sur des forums, mon coeur est vide, je bois du coca light en me disant que j'aimerais pouvoir profiter de ces journées de temps libre pour sortir le soir, parfois très tard mais les occasions ne se présentent plus. j'attends qu'il me fasse signe pour ressentir encore cette immense excitation qui ressemble encore à celle de nos premiers contacts. j'aurai un peu de mal à respirer





jeudi 19 juin 2008

je ne sais pas comment j'ai fait toutes ces années pour pleurer si peu, pour ne jamais craquer en pleine action, au milieu des gens, commes les actrices chez rohmer, vu la façon que j'ai de tout réceptionner violemment, de ne vraiment pas supporter que les choses aillent mal devant moi , cela aurait dû être mon style, le rôle de la fille qui pleurait quand sa mère la déposait à la maternelle. mais ce n'est pas moi, je reste la "femme au bord de la crise de nerf" d'almodovar, juste au bord, les larmes aux bords des yeux, le corps au bord du gouffre.

j'ai mangé du raisin et des cerises en regardant factotum

mercredi 18 juin 2008

une des techniques que j'ai trouvé pour gagner du temps consiste à regrouper tous les préparatifs nécessitant de l'eau autrement dit : à se laver les dents sous la douche.
mes copines trouvent ça dégueulasse et moi je ne comprends pas pourquoi, je me souviens de cécilia me disant "mais tu te craches dessus",
il y a beaucoup de choses comme ça que les autres font et que je ne fais pas ou l'inverse, des comportements que je ne trouve pas nécessaires et qui pour les autres sont naturels, depuis mon enfance c'est comme ça, ça m'interpelle un peu, j'ai tendance à mettre ça sur le compte d'une forme de naïveté, un fond d'innocence qui me resterait, à la façon d'Ariel (la petite sirène) qui ne comprendrait pas pourquoi on ne pourrait pas se brosser les cheveux avec une fourchette.
exemple très concret : aller chez le coiffeur, je trouve ça très curieux que les gens disent "il faut que j'aille chez le coiffeur" comme s'il s'agissait du dentiste. moi c'est simple je n'y suis jamais allée, en tout cas pas en France, au Liban quelques fois parce que les brushing coûtent 2 euros et pour des défrisages que j'avais l'habitude de faire chaque année.
au début je voulais vous parler d'autre chose mais il fallait en passer par là pour justifier la première phrase :

ce midi je me brossais les dents sous la douche et je sentais quelque chose de rouge sur ma main, c'était du sang. avec l'eau qui a tendance à tout mélanger j'ai cru que je saignais des gencives, je suis sortie de la douche sans prendre le soin de m'égoutter, j'ai regardé : c'était mon nez. ça ne voulait pas s'arrêter et l'eau empirait la situation, j'ai fini ma douche la tête penchée en avant pour écarter le nez du reste du corps. les gouttes tombaient et s'évaporaient immédiatement en nuée orange pâle. puis le corps finit par arrêter ses caprices et tout rentre dans l'ordre, le sang rentre à la maison.

ensuite pour me consoler je me suis étalée sur les bras une crème Sephora qui sent involontairement la tarte au citron, c'était le cadeau d'Anaïs pour mes 17 ans. il y a aussi l'huile et le gel douche qui vont avec, je ne les utilise pas systématiquement, j'arrive a les faire tenir un an voire plus et à chaque fois que j'en use c'est comme si je faisais la fête toute seule.
je trouve que c'est toujours délicat quand on vous offre des gels douche ou des trucs pour le bain, ce qui -je crois- nous arrive fréquemment à nous les "jeunes filles". cette idée de choses triviales portées au rang de cadeaux, ces sels de bain qu'on célèbre dans des coffrets presque hors de prix et dont on ne profitera que le temps d'un seul et unique bain, voilà ce qui m'attristait, maintenant j'ai compris qu'il fallait en jouir comme on jouit d'un cappuccino à 6 euros et je ne laisse plus rien dépérir dans mon placard, ce serait tout de même ballot de mourir demain sans avoir utiliser ce flacon de gel douche pailleté à la noix de coco. paillettes qui finiront par danser autour du siphon. Dur.
_

après la douche et les vêtements enfilés un par un je suis allée au musée d'art moderne en face du palais de tokyo, la dernière fois que j'y suis allée remonte au temps de baptiste, à deux reprises j'avais touché un tableau, un delaunay (robert) peut-être, et un mec m'avait grondé alors que je faisais ça, disons en toute innocence pour ne pas dire inconscience.
le muséed'artmodernedelavilledeparis n'est pas un endroit que j'aime beaucoup, il y a énormément d'espace et de lumière pour extrêmement peu de tableaux, c'est à pleurer de rire mais sur le coup j'étais énervée. Se contenter d'un seul tableau de Chagall pour ensuite se diriger sans transition vers un Bonnard puis deux Picasso alternés avec trois Braque tout ceci entrecoupé par cinq mètres de mur blanc et trois visiteurs penchés sur les deux biographies de peintre collées dans un coin qu'il faut s'amuser à deviner, comme si on avait le temps de jouer à "où est charlie?". de toute façon les musées me fatiguent énormément, je préfère encore taper le nom d'un peintre sur google images et puis l'idée que l'oeuvre d'un peintre soit dispersée dans les quatre coins d'un monde est rageante, comme si les 5 mètres de mur blanc ne suffisaient pas.

dimanche 15 juin 2008

vendredi j'ai envoyé un sms à A., on s'était reparlé par messages privés quelques jours avant, j'avais trouvé un très bon prétexte pour lui reparler, je devais servir d'intermédiaire à un mec qui devait lui demander quelque chose, c'était parfait. il répondait à mon message, dans le post scriptum il commençait sa phrase par "et nous on essaiera de se revoir bientôt"
et nous,
ça m'a tellement plus, comme si on était un couple, disons plutôt un duo, avec une intimité, et qu'il se mettait au boulot pour que ça avance. il s'est lancé dans le projet d'organiser quelque chose à plusieurs pour le vendredi, découragé par l'organisation que ça allait demander rien ne s'est fait et j'angoissais à l'idée de passer seule mon week-end, je lui ai alors envoyé quelque chose de très simple,de très normal, tout en redoutant qu'il n'y réponde pas.
passée une heure, deux heures, un jour, j'ai d'abord commencé par y croire, puis par ne plus y croire et par avoir honte de ce statut de pot de colle que je sentais se confirmer au nombre de tentatives ratées qui commençaient à s'accumuler (deux pour le moment).

samedi soir j'ai passé ma journée à la maison, entre les révisions de mathématiques, le triage des cahiers de cours, les dessins de julie et moi qu'on faisait toute l'année dans des coins de pages ou derrière des polycopiés et que je sauvais de l'oubli et du recyclage, j'avais passé toute la matinée au lit à finir "rendez-vous" de christine angot, je n'avais rien de mieux à faire et je trouve ça très bien et très utile de passer son temps libre à lire, chaque page tournée devient alors une preuve matérielle de la bonne utilisation de son temps. quelque chose de cet ordre là.
mon père venait dans la chambre, ma soeur dormait encore pour ne se réveiller qu'à 15 heures, il disait "vous allez passer la journée comme ça au lit" sur un ton partagé entre la question et le reproche, et moi désespérée par tout ce temps libre que je n'ai jamais su gérer.
le soir j'ai regardé l'émission de ruquier qui me divertit comme personne. je regarde fogiel, ruquier, taddéi et ardisson depuis trop longtemps pour pouvoir arrêter, je les regarde avec ma soeur, ardisson de plus en plus rarement, sa tranche horaire est nase.
taddéi ça dépend du débat mais même si je n'écoute pas j'allume, ma soeur aime bien les débats politiques, moi je préfère les trucs socio-culturels même si on arrive à s'intéresser à tout ce qui se dit.
fogiel et ruquier c'est ce qu'on aime le moins même si avec le temps on a appris à aimer l'humour envahissant de ruquier et les invités périmés de chez fogiel. moi je sais que j'aime les talk-show de trois heures où n'importe quoi se passe, ça me fait du bien et ça me couvre la semaine
taddéi = du lundi au jeudi en deuxième partie de soirée
ardisson = le samedi à 19h
fogiel = le mardi en deuxième partie de soirée
ruquier = le samedi soir en deuxième partie de soirée
en dehors de ça je regarde les films repérés un peu plus tôt dans les pages du programme télé de n'importe quel journal gratuit que la plupart du temps je jette tout de suite après

le grand journal m'énerve, je déteste le nouveau Paris dernière, j'aime bien "la mode la mode la mode",
en fait je déteste presque toutes les émissions en clair de Canal + parce que je trouve les présentateurs envahissants et mégalomanes et que je préfère la bêtise d'un fogiel à la présomption d'une Daphné Roulier ou d'une connasse de Pascale Clarke.

vers minuit mon portable chante la chanson d'un sms reçu, c'est A., ça ne peut-être que lui. il me dit qu'il est désolé mais qu'il a trop de taff, que "anyway je t'appelle avant la chine",
"doux rêves matinaux".
je ne réponds rien, de toute façon il s'en fiche. mais je suis contente parce que je me dis que quand on tient à une personne on tient aussi à répondre à ses mails, ses sms, ses messages privés, réduire l'attente le plus possible. alors que si la personne nous indiffère on ne répond pas, mettant un terme au processus de questions/réponses. A. doit bien m'aimer

samedi 14 juin 2008

je tape b-l-o-g-s-p-o-t-.-c-o-m, je clique sur deux liens , j'écris

le conseil s'est très mal passé pour moi, j'angoissais à mesure qu'on approchait de mon nom de famille, "alors, Murielle Joudet", j'écoutais, je savais que j'allais avoir un blâme pour mes absences, j'ai réfléchi à l'année, je me suis dit "je n'ai rien fait" rien du tout, quelques contrôles intensément révisés, rien en dehors de ça. je me demande quand est-ce que je vais m'y mettre, je me demande ce que je ferai plus tard, comment je vais finir, je me trouve tellement nuisible pour moi-même, ça me terrifie, nuisible en tout, c'est incroyable. je ne vivrai pas bien et pas longtemps, sans mentir c'est ça que je me dis.

au téléphone quand augustin m'a appelé on a discuté assez longtemps, je n'étais pas apeurée, j'avais peut-être buté sur quelques mots, j'avais conscience que je cherchais mes mots, lui aussi butais sur des mots, nous étions assez émus, c'était dur de tenir, l'équilibre tenait sur pas grand chose. comme toujours il voulait savoir pour les autres "chui désolé, chui une commère", moi je m'en fichais, je pouvais tout lui dire, qui a eu un blâme, qui a eu un avis de redoublement, le premier, le dernier, les blagues des professeurs. "et pour toi ça s'est bien passé?" "bah oui, j'ai eu un blâme (rires)" "ah ouais, merde", "mais finalement c'est comme une mention" il rigole beaucoup "ouais voilà".
après je n'ai rien dit, ni à ma mère, ni à personne, ma soeur m'aurait dit "t'es folle" et des choses pour m'alarmer, me secouer, me faire peur, j'aurai angoissé, j'aurai compris tout le gâchis, les opportunités ratées, j'ai pensé à juste titre que j'avais mon compte de mauvaises pensées. je me suis sentie nulle, je n'ai même pas l'idée magique de me voir un jour sauvée par l'écriture, je ne crois pas en ça pour moi.
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ma mère m'a dit qu'elle a trouvé un hôtel pour le liban, la question des vacances était résolue, j'étais contente, ça me travaillait. quand j'allais très mal ma soeur était venue me voir avec les catalogues des organismes de séjours linguistiques, rien ne me plaisait et ça aurait demandé trop de travail, organiser, prendre des cours d'anglais tous les jours, se sociabiliser, lisser ses cheveux, je pense que pour ces deux mois je veux être au calme, liquider mes deux piles de bouquins, bronzer des pieds, regarder les chaînes françaises depuis l'étranger. c'est la première fois que partir au liban me fait plaisir, avant ça me déchirait le coeur de partir, dans les valises j'enfonçais clandestinement beaucoup de livres entre les piles de vêtements et j'essayais de retenir leur emplacement.
elle m'a dit qu'on partait trois semaines, l'hôtel est cinq étoiles, ce ne sera pas une suite comme la dernière fois, on dormira à trois dans le grand lit, "est-ce que ça te dérange?".
ma soeur ne sera pas là, je devrais tenir à sa place les conversations avec la famille, j'appréhende un peu, je ne parle jamais trop à ma famille, je ne fais pas d'effort, je veux toujours partir le plus tôt possible. je préfère les journées qui défilent sans qu'on ne voit personne, sans qu'on descendent en ville, qu'on passe entre la chaleur écrasante de la piscine et la climatisation de la chambre, quand on va tout mouillé au restaurant de la piscine et qu'on s'asseoit sur nos serviettes. ce genre de journées ne m'enchantent pas, je ne peux pas dire ça, mais disons que c'est le maximum qu'on puisse demander au pays.

jeudi 12 juin 2008

aujourd'hui j'ai l'impression d'avoir pris mille fois le bus et mille fois j'ai été débout, écrasée contre les portes coulissantes du fond, devant descendre pour pouvoir laisser sortir les gens , c'était tellement inconfortable, je tapais tout le monde avec mon sac, j'écrasais des pieds, je me sentais jugée, jugée et épiée par les gens qui n'avaient pas de livre entre les mains. et au début, le cake dans le sac Gap, il était long comme une arme, les gens avaient dû s'inquiéter mais j'ai une tête inoffensive alors ça va.
j'ai dû le prendre une première fois pour l'aller puis pour le retour puis pour retourner au lycée pour le conseil de classe et ensuite pour retourner chez moi.
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je me suis souvenue, quand j'ai vu le gâteau d'augustin je me suis pas tout de suite moquée de son aspect un peu détruit, je lui ai d'abord dit très sincèrement "il a l'air bon ton gâteau" et il m'a remercié, ensuite il a ajouté "t'en parleras sur ton blog". je crois qu'il parlait de la fête en général plutôt que de son gâteau, c'est pas impossible que j'ai pu ajouter entre le "merci" et le "t'en parleras sur ton blog" quelque chose comme "on va bien s'amuser". sa réplique paraîtrait alors plus logique.
son "t'en parleras sur ton blog" ne voulait pas dire "je lis ce que t'écris, j'ai lu ce que t'as écrit sur moi", on sentait qu'il n'avait pas lu ce que j'ai pu dire de méchant ou de gentil sur lui, c'était presque comme une demande "t'en parleras sur ton blog s'il te plait", pour voir comment j'avais perçu une chose qu'il avait vécu en même temps que moi, cette "fête" et l'émotion qui pourrait y avoir.
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comme prévu dimanche j'ai diner avec Cécilia, il y avait Marie et Charlette aussi, comme toujours on s'était donné rendez-vous au métro Pont de Neuilly puis on est allé ensemble au Indiana café des Ternes, je connais pas beaucoup de restaurant dans paris, je vais pas souvent au restaurant et quand j'y vais avec la Bande des Meufs on choisit entre la dizaine de restaurant qu'il y a au Dôme.
le Indiana c'est là où ma mère Christiane nous emmène quand elle prend un ou deux jours de congé pendant nos vacances scolaires. on prend le métro, on va au restaurant, souvent à Opéra, après on va soit au Printemps soit à la Fnac, on fait passer l'après-midi, si on peut on achète des trucs.
c'était pas prévu qu'on parle de ça mais la dernière fois remonte à très longtemps, c'était cette même fois où ma mère marchait tellement vite qu'on l'a complètement perdue de vue et on était passé devant un café et à travers la baie vitrée on avait reconnu Louis Garrel. ma soeur et moi avions eu le même mouvement de ralentissement, quelque chose de très spontané que Louis Garrel avait dû remarquer, deux petites nanas sur le trottoir qui ralentissent par surprise.

c'était la deuxième bonne chose de la journée, un peu plus tôt je venais de recevoir dans ma boîte au lettre le coffret dvd Berlin Alexanderplatz de Fassbinder que j'avais gagné avec technikart, j'avais admiré les six disques brillants et lu les livrets en attendant mon plat chez Pizza Hut, c'est emile qui avait décidé de l'endroit, les grands pouvaient s'accomoder de n'importe quoi alors que pour Emile, tout ce qui n'était pas son choix était intolérable, on était obligé de l'écouter, de manger des pizzas et des pains à l'ail.
à l'époque manger là-bas pouvait s'apparenter à une sorte de fête, de petit évènement familial mais ce jour-ci je faisais la tête, je me plaignais de tout, je supportais difficilement les chaînes de restaurant façon buffalo ou hipopotamus. avec le temps on s'embourgeoise, après avoir fait la distinction entre le bien et le mal on fait celle entre le in et le out, le coul et le ringard de façon assez stupide. après le restaurant on était parti au Printemps pour m'acheter une écharpe noire mais toutes celles qu'on trouvait étaient moches et chères alors on s'était rabattu sur le H&M Haussmann où pour 10 euros on avait trouvé quelque chose de très convenable qui m'a fait tout l'hiver.
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je suis allée sur le site du Indiana café pour trouver l'adresse, j'ai regardé la carte, il y avait marqué des trucs drôles dans le genre "le restaurant préféré des parisiens branchés", et aussi qu'on en avait pour son argent.
une fois là-bas j'ai commandé la salade rodeo, charlette une salade avec des tacos je crois, cécilia un plat qu'elle avait trouvé dans la colonne des entrées et Marie une entrée aussi, des beignets de calamars parce qu'elle avait mangé trois bols de Fitness avant de venir.
quand la serveuse m'a apporté ma salade on a failli péter un câble tellement elle était gigantesque, j'ai planté ma fourchette pour vérifier la profondeur de l'assiette qui paraissait sans fond. j'avais peur de ne pas tout finir, je suis une fille qui compte sur les doigts d'une seule main les fois où je n'ai pas fini mon assiette.
en maternelle il y avait toujours ce concours du premier qui finirait entièrement son assiette, finir dans le sens saucer avec des bouts de pain jusqu'à ce qu'on ne puisse plus faire la différence entre son assiette et une assiette propre. plus de sauce, plus de miettes, rien. après il fallait appeler la surveillante, elle prenait notre assiette, interpellait toute la cantine et brandissait le chef-d'oeuvre en exemple. pour l'enfant responsable de cet exploit c'était la classe américaine jusqu'au lendemain.

à table j'ai saigné du nez, ça a tâché ma chemise sur plusieurs endroits, Cécilia m'a accompagné aux toilettes, on était affairé à tripoter mon petit nez et une femme me regardait interloquée, puis en a conclut "aah...elle saigne du nez", comme si j'étais malade jusqu'à en être inconsciente et que je pouvais pas comprendre ce qu'elle disait, c'était drôle, on a dit "oui" en souriant.
j'ai dû manger avec ma veste mais ça nous a pas empêché de passer une bonne soirée, on a parlé de plein de choses, j'ai pensé que c'était bien de connaître des personnes avec qui on peut parler et rigoler sans interruption, ça change les idées, ça vide le cerveau. la flemme m'avait envahi à l'idée de me préparer, d'aller au restaurant et de tenir des conversations mais je ne regrettais pas, en général je ne regrettais jamais mes sursauts de sociabilité, à quelques exceptions près, parfois ça pouvait foirer, quelque chose manquait, je n'étais pas à ma place ou je n'étais plus moi. la fête se déroulait sans moi, personne ne me demandait mon avis, j'avais l'impression de ne plus avoir d'individualité.
un beau gosse habillé comme j'aime bien que les garçons s'habillent -jean, veste en jean, t-shirt noir, stan smith- s'est assis seul à côté de nous, il attendait peut-être l'heure d'un rendez-vous et c'était drôle parce qu'à la fin tout son corps finissait par être tourné vers nous à l'exception de son regard comme pour dissimuler tout signe d'intérêt à l'égard de notre conversation. j'avais maintenant l'impression qu'on était cinq à table, qu'il faisait partie de la bande des meufs, parfois il s'accordait même un sourire quand nous riions aux éclats, comme au moment où Cécilia m'a dit "nan mais t'es plate" et que je lui avais répondu pour rigoler "j'm'en fous j'ai lu Proust", j'aimais bien ce genre de blagues, j'aimais bien quand j'étais comme ça, peut-être que la présence de cette homme me forçait à avoir de la répartie, à ne pas m'affaisser dans une conversation tiède et facile, je devais faire mes preuves pour les beaux yeux du mec en bleu.
on est parti avant lui, c'était moins frustrant, la serveuse nous appelait "les filles", "merci les filles".

personne ne voulait rentrer chez soi alors on a marché jusqu'à Neuilly, jusqu'au bus, on était contente du restaurant, de ce qu'on avait mangé, de l'ambiance, des prix, des discussions, de ce qui s'était passé, le sang et le mec.
j'avais pensé : ce sont mes amies, mon cercle de bienveillance, le seul que j'ai pu me fabriquer en dehors de celui de ma famille. j'aimerais en avoir plusieurs mais les quelques fois où j'ai essayé de me faire des amitiés durables quelque chose avortait, la personne ne tenait plus à me voir ou alors pas aussi fréquemment que je l'aurai souhaité.
Avec F. c'était parti dans tous les sens, avec R. et sa bande je me suis vite rendue compte que justement, "ce n'était pas ma vie", Angot en parle dans "Rendez-vous", c'est un des passages intéressants.
Et puis avec A. peut-être que je le surestimais, des signes en attestaient. je m'intéresse à lui, j'essaye de savoir ce qui occupe les heures de ses journées et c'est difficile pour moi de savoir parce qu'il ne dit rien, lui n'a même pas cette curiosité-là, sinon il viendrait ici, il trouverait tout et il m'en parlerait, "c'est mignon ce que t'écris sur moi", comme la fois où j'avais posté mon autoportrait sur le forum, il m'avait dit "oh c'était tout mignon", comme s'il s'agissait d'une tentative ratée mais rien que pour la petite allusion à lui ça avait le mérite d'être mignon.

la veille du restaurant je m'étais longuement promené dans Paris, il pleuvait, je portais ma casquette, j'avais vu des familles manger dans des pizzarias, les gens sous les bâches des cafés, des hommes qui fumaient devant des immeubles et des bars, j'avais regardé des chaussures, j'avais aussi acheté un cd et un dvd d'occasion dans deux endroits différents, je faisais n'importe quoi, j'étais tellement déprimée que j'avais décidé de ne plus penser à mon état et de marcher sans jamais m'arrêter.
quelque chose c'était passé un peu plus tôt, j'avais envie de le raconter ici mais y repenser était difficile et je me disais que l'écriture avait ses limites, qu'en temps normal ça me fait aller mieux mais que là ça n'allait pas être le cas alors j'avais fait autre chose, j'avais dépensé de l'argent et j'étais seule. il était tôt, dans les 18 heures et je pensais à A., j'avais tellement envie de lui envoyer un SMS pour lui dire de venir, on aurait dîner ensemble, on aurait discuté de la Chine, de Rohmer, on se serait même livré à un debriefing de la soirée de mes 17 ans, il m'aurait expliqué Kafka, il m'aurait encore dit "tant que tu gagnes pas ta vie tu payes pas l'addition" je serai rentrée à minuit, heureuse, peut-être rechargée pour la semaine.
ça m'amusait de m'imaginer des choses à lui écrire, je trouvais toujours des bonnes façons de solliciter sa présence dans un style vif et pas trop désesperé.
mais comme à chaque fois je m'étais dégonflée, j'avais peur qu'il reçoive le message dans un mauvais moment, au milieu de ses amis ou de son travail, il l'aurait reçu comme un SOS, je lui aurait fait pitié et pour finir il n'aurait pas répondu. c'est pour ça que j'ai toujours attendu que lui me sollicite ou à la limite je lui rappelais que j'existais et il finissait par repenser à des choses qui me concernaient : les livres et les plats qu'il m'avait offert, le beau temps de la première rencontre qui nous rendait émus et joyeux, mes cheveux qu'il aimait bien, ma tresse du premier jour, et peut-être que d'un coup il avait envie de me revoir, juste pour retrouver cette sensation d'agréable, je le sentais plein de gratitude, il m'avait remercié à deux reprises, vers le début et vers la fin, il avait été bien et j'étais dans les parages quand ça s'était produit, ça voulait dire que j'y étais forcément pour quelque chose.
aujourd'hui dans les transports tout le monde parlait de gâteaux, je viens juste de m'en rendre compte
d'abord sur l'aller un mec parlait à une meuf d'un gâteau au chocolat et au moment où je descendais de la rame il concluait sur "par contre c'est une bombe calorique", le plus drôle c'est que moi-même je portais dans mes bras mon cake aux olives et au jambon, celui que j'ai préparé pour le départ en retraite de la prof d'anglais. debout dans le bus bondé c'était dur de le tenir et de lire en même temps et en plus de ça j'avais encore mes talons, j'ai d'ailleurs même pas pu lire et j'ai plutôt regardé les gens dans les rues, un mec parlait tout seul en marchant, il y avait surtout des gens qui paraissaient déprimés, des travailleurs en 501, on aurait dit une ville ouvrière, en plus avec ce ciel gris.
sur le retour c'était deux hommes qui parlaient d'une entreprise de gâteaux de mariage, "faut plutôt faire un site une fois que t'es connu, sinon ça marche pas," "et il y a aussi des gâteaux en forme de fruits?" "oui il y en a quelques uns". dans mon sac il restait une petite moitié de mon cake qui n'a pas trop eu de succès, disons qu'il était délicieux mais les gens sont chiants et n'aiment pas les olives, c'était tellement prévisible, la veille je m'imaginais déjà en train de gronder tout le monde à cause de ça, "oh vous faites chier, vous aimez rien". j'étais la seule à avoir fait du salé
marie avait préparé un tiramisu parce qu'elle est italienne, elle avait aussi appelé julie à 8h pour qu'elle ramène une pelle à tarte, quand julie a vu marie pour la première fois de la journée elle l'a montré du doigt en lui disant "TOI, toi tu me parles pas de la journée". penser à appeler julie à 8h du matin après l'avoir fréquenté un an, c'était inconscient.
iba avait ramené un gâteau aux amandes, toute la classe avait poussé un "waaaah" d'admiration à la découverte de la surface régulière et brillante de son gâteau, c'était un truc digne d'un patissier professionnel, sobre et délicieux.
augustin était mignon avec son fondant au chocolat tout déglingué, je lui ai dit "tu l'as sorti trop tôt" et il m'avait répondu "ouais c'est parce que je l'ai démoulé trop vite", c'est ce que je voulais dire, ça m'était déjà arrivé à cause de l'impatience de voir le résultat. je l'ai un peu charrié du genre "ouais mais ça c'est les bases, tout le monde sait qu'il faut laisser refroidir le gâteau", on se taquine, c'est notre flirt à nous
cécilia avait oublié son gâteau, je la soupçonnais de n'avoir rien préparé parce qu'elle ne semblait pas trop énervée. Julie avait fait l'effort d'acheter une bouteille d'Ice Tea Light, la veille à une heure du matin j'avais reçu un texto qui disait qu'elle avait payé 50 centimes de plus pour avoir la light juste pour moi et je lui avais répondu un truc de drôle qui finissait par "bisou baveux parfumé au boursin"
il y avait la bouteille de coca zero de la prof d'anglais qu'on s'était enfilé après avoir descendu celle de julie et c'était tout. quatre gâteau, deux bouteilles, une dizaine d'élèves, des assiettes et des cuillères en plastique, des serviettes jaunes que j'avais ramené, des gobelets jaunes comme mes serviettes qu'augustin était parti acheté pendant la récré.
il n'y avait que nous au lycée, je vous jure, que notre classe qui mangeait et discutait silencieusement dans une salle pendant deux heures et demi. Léo qui jouait les chansons préférées de la prof à la guitare, la grande carte de voeux qu'on signait discrètement à tour de rôle, Julie qui me racontait son unique séjour en colonie quand elle était en CM1 et moi qui séparait les dès de jambon du reste de mon cake pour les lui donner.
sur la carte j'avais écrit "i love english very much <= (le résultat de 5 ans d'anglais...) Murielle" avec un coeur sur le i de mon prénom. j'ai mis "5 ans" un peu comme ça sans réfléchir, ça doit faire en réalité 7 ans et je parle toujours aussi mal, c'est incroyable de penser à ça, à ce gâchis que je tournais en dérision pour que ce soit moins douloureux.

mercredi 11 juin 2008

je vais en cours, mes cheveux sont assez longs, je n'ai rien vu venir, un jour tu les vois courts, tu te dis "je suis pressée qu'ils poussent, ça va prendre trop de temps" et tu essayes de ne pas y penser tous les jours, puis un jour ils sont longs, plus longs que ceux de Charlette ou de Julie, elles m'en ont même arraché un et elles l'ont mesuré, ça faisait bien 47 cm et celui de Charlette 45, j'ai poussé un "ouii" de victoire. maintenant ils sont longs, je n'ai pas été patiente, j'avais juste oublié d'y penser.
je porte un t-shirt fin et noir avec des manches larges un peu chauve souris, manche 2/4 avec des poches, un peu serré au niveau des bras et du bas, un Gap acheté pendant les soldes d'hiver, un jean Levi's et mes talons compensés noirs que j'ai depuis la 4eme, des Pare Gabia qu'avant je trouvais trop hauts et puis j'ai eu ces talons de 8 centimètres et alors maintenant ceux-ci me paraissent être de la rigolade, des tongs. je suis habillée en noir et je me mets à penser "comme Christine Angot" et ça me fait rire, enfin sourire.
Je suis partie plus tôt de chez moi parce que je devais acheter "Candide" à Julie, elle a une version avec des notes et elle dit qu'elle trouve ça illisible alors j'ai eu l'idée de lui acheter une version sans notes, la moins chère, on s'en fiche, la version à 1,50€, c'est un beau geste je trouve et je sais qu'elle retiendra. je paye le livre, la fille me demande si j'ai la carte Virgin, je lui dis oui et je la cherche mais je ne la trouve pas "je suis désolée je sais pas où elle est", "c'est pas grave", j'ai 50 centimes dans les mains, je prends le métro, je passe devant un sans domicile, je recule, je lui donne la pièce, je la pose, il tend son bol, il me dit "merci mademoiselle et...bonne journée", il le dit de façon très polie, bien articulée et je réponds "de rien, à vous aussi" et je souris. mais tout ça ne suffit pas à me donner bonne conscience, ça a tendance à m'attrister, je pense "le monde est pourri le monde est pourri", je n'ai plus envie de gaspiller de l'argent par respect pour ceux qui n'en ont pas. je n'irai plus dans les magasins d'habits.

de l'autre côté du trottoir il y a Lucia avec son sac rouge en toile Gap, une voiture passe, je sais ce qu'elle va me demander et elle me le demande, je n'entends pas tout de suite à cause du bruit de la voiture, elle redit "t'as pensé au Cd?" je lui dis "oui" en traversant. elle pensait que j'allais oublier parce que quand elle me l'avait demandé hier je l'avais noté nulle part mais j'ai une bonne mémoire pour ces choses-là. je lui prête mon CD de Crystal Castles et ensuite on parle un petit peu des CD, de notre génération, de son rapport à la musique et on rentre en cours.

on a anglais, on ne ramène plus nos affaires, on est plus que la moitié de la classe, un peu plus parce qu'on est que vingt en classe entière et là on doit être douze. on parle entre nous quand on veut même si la prof veut qu'on traduise un poème nase et moi je dis "mais c'est pas la traduction qui cloche c'est le poème qui est nul".
Marie sort ses Ray-ban, c'est le modèle pilote un peu moche, celui qui fait miroir, Emmanuel les essaye, ça nous amuse pendant quelques minutes. Elle va voir Iba et elle lui demande "hé Iba tu peux les essayer?", snob comme il est il ne veut pas et on le traite avec Julie.
on commence à organiser le goûter de demain, qui ramène quoi, qui ramène les gobelets, qui fait du salé, qui fait du sucré, "quelqu'un peut ramener du Coca Light s'il vous plait?", la prof dit qu'elle n'a que du Coca Zero, je dis que ça me va, c'est pareil.

En histoire géo Monsieur Delmas a proposé qu'on fasse classe commune avec la sienne pour regarder la série "Life on Mars", je suis trop excitée et en entrant dans la classe sombre je lui dis bonjour et Julie rigole parce que je le dis de façon calme, indifférente, alors que j'explose intérieurement. mais il ne reste pas pour voir la série et il fait cours à l'autre moitié de sa classe, en guise de présentation il nous fait juste le résumé de l'intrigue, un flic qui écoute "life on mars?" dans sa voiture et qui se retrouve transporté en 1973 pour éluder le même crime sur lequel il travaillait en 2006. il dit "life on mars de david bowie qui est ma chanson préféré de tous les temps", comme un gamin qui parle mal, qui en rajoute. julie me dit "meuf je te le prends".
la série est nase et au milieu de l'épisode je chuchote à julie "hé je viens de me rendre compte que ça n'a rien à voir ni avec l'histoire ni avec la géo" et elle rit.
j'ai beaucoup de choses à raconter mais mon ordinateur a explosé et je ne me sens pas à l'aise sur celui des autres, je n'ai jamais assez de temps pour pouvoir tout dire alors je ne dis rien et en attendant je lis christine angot dans mon lit, demain j'ai pas école mais julie veut qu'on aille voir Phenomenes et qu'on mange ensemble donc on verra.
the notwist - consequence

samedi 7 juin 2008

la prof de français parlait de l'origine du mot "ami" qui dérive tout droit du surnom qu'avant on donnait à sa moitié, à savoir "ma mie", elle a finalement digressé comme elle sait si bien le faire sur Monsieur Delmas et sa manière amusante d'appeler sa femme "ma compagne", soudain une grande partie de la classe se tourne vers moi, mes copines explosent de rire devant la révélation que l'homme dont je suis assez amoureuse soit marié. la prof pense qu'on rit à cause du "ma compagne" mais Augustin finit par expliquer qu' "en fait Murielle aime bien Monsieur Delmas" et moi qui rougit en rigolant dans mon coin, la prof qui m'explique que tout le monde aime Monsieur Delmas.
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hier en allant au lycée une femme portait à son bras son sac Burberry entrouvert, sans trop insister on pouvait discerner les formes rondes de deux pommes et d'une pêche, on aurait dit que c'était son panier.
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j'ai rendez vous avec Cécilia au MK2 beaubourg, on va voir "a swedish love story" à 19h15, je n'ai pas trop de force, j'ai plutôt envie de dormir toute la soirée mais l'avantage de programmer une sortie avec quelqu'un sur un coup de tête c'est que ça m'oblige à sortir de chez moi.
j'ai les cheveux bouclés, le week-end je lisse rarement mes cheveux pour les laisser se reposer, ils prennent alors les formes qu'ils veulent, boucles folles et frisottantes de chaque côté de mon visage, tout mon corps se repose le week-end.
Elle arrive en retard mais rien de grave, je feuillette le magazine gratuit 3 couleurs, je regarde les DVD à 2,99€ que vend la boutique qui jouxte le cinéma.
A chaque fois qu'on la voit arriver Cécilia fait un peu la gueule et quand elle nous aperçoit son visage se détend et sourit, s'anime d'un coup, c'est toujours assez curieux à voir, un visage réagissant à ses propres pensées et qui finit par les interrompre d'un coup à la vue rassurante d'un visage familier.
On rentre dans la salle, je ne me souviens pas être déjà sortie toute seule avec Cécilia, reste qu'on est plus sérieuse à deux, mais on rigole quand même. Dans cette salle les sièges sont vraiment profonds et pas du tout positionnés en pente. la dernière fois qu'on est venu là c'était pour "Délivrez-nous du mal" un documentaire chiant à s'en taillader une veine, le titre en anglais se disait "Deliver us from evil" et j'avais trouvé que le US pouvait se lire "U.S" ce qui était tout à fait le sujet du film, mes copines avaient trouvé ça bien.
Aujourd'hui je sens qu'on va voir un bon film. Elle me raconte des choses un peu intimes qu'on ne raconte qu'à ses copines de façon individuelle, enfin ce n'est pas non plus très intime, j'étais même en train de le taper mais je me suis dégonflée parce que le récit de ma vie ne doit justement pas empiéter sur le récit de la vie des autres.
Quand c'est à mon tour de parler de garçon je soupire en disant que j'ai vraiment trop envie de revoir A., comme toujours elle me demande"c'est lequel A.?" et je lui réponds "celui qui était en Chine" car A. est revenu de Chine et il joue au mort, non d'ailleurs il ne joue pas, il fait les choses normalement et de mon côté je délire et souffre poliment dans mon coin.

A chaque fois Cécilia rigole et me dit la même chose "mais il s'en fout de toi" et moi de répondre "mais trop qu'il s'en fout, j'en ai trop marre" et comme à chaque fois le film commence sans qu'on s'en aperçoive, juste une intensité de moins dans les lumières.
Le film était touchant, certaines scènes auraient pu m'émouvoir aux larmes si elles m'en avaient laissé le temps, les deux personnages ont 15 ans, des look qui claquent, perfecto, polo et mobylette et fument plus qu'A.. Le film fait d'ailleurs penser à Love Story de 1966 je crois, le film qui a dû faire pleurer toutes les mamans de France. le petit garçon de A swedish love story est le portrait craché du mec dans Love Story, la même tête un peu moche.

Dans le métro du retour on rigole bien, elle se sent fatiguée et je lui parle de mon Syndrome de la Fatigue Chronique que j'ai trouvé sur Doctissimo, ça l'a fait rire, je lui réponds que ça doit être ça, que c'est à cause de la déprime, je me mets à penser qu'on arrive pas à déceler la tristesse chez les gens, ils ne nous la cachent pas forcément mais quand ils sont avec nous ils ne peuvent pas s'empêcher d'aller mieux, alors peut-être que Cécilia va mieux avec moi comme moi je vais mieux ici avec elle mais qu'en fait elle déprime, j'essaye d'être attentive comme les amies dans les films.
Je me souviens alors de l'énorme fou rire qu'on avait eu dans le métro avec Julie quand je lui ai annoncé que je me sentais faire une grosse dépression et que sur Doctissimo j'avais eu 13/13 au test qui permettait de la détecter. C'était vraiment très drôle.
Je parle de mes week-end tristes et horribles à Cécilia, elle me demande si je veux qu'on déjeune ensemble ce dimanche, je lui dis "oh, oui", elle me demande si je préfère déjeuner ou diner, "déjeuner", je lui demande où elle veut qu'on déjeune parce que moi ça m'est égal, elle hausse les épaules, je réfléchis, je dis "à Opéra", elle veut bien manger chinois, je dis d'accord, elle dit qu'elle s'en fiche du prix et elle ajoute "en fait nan, Charlette elle est encore fauchée" et on rigole trop parce qu'il y a quelques semaines Charlette et moi n'avions vraiment pas d'argent et je commençais à sortir des trucs du genre "faut commencer à voler les meufs, c'est plus possible, y'en a qui font ça", c'était pendant la séance d' "un conte de Noël", j'avais dormi juste avant, je me sentais un peu vaseuse mais j'avais tenu pendant les 2 heures 30, c'est Baptiste qui m'a fait découvrir les films d'Arnaud Desplechin.

Je pense à la prévenance de Cécilia, à son idée de déjeuner ensemble pour ne pas me laisser toute seule le dimanche, elle est réconfortante, mes amies en général sont réconfortantes, ma mère est aussi comme ça, ma soeur aussi. quand il y a une semaine je restais muette dans ma chambre et que je voulais pas trop parler à ma mère, elle faisait le lien entre nous deux et me demandait ce qui n'allait pas parce que là c'était trop.
Récemment j'ai moi aussi eu des paroles réconfortantes, ma soeur est revenue de son école de conduite un peu déprimée parce que sa monitrice lui avait signifié qu'à ce rythme elle ne l'aurait pas, ma soeur en avait marre et je lui ai dit que le permis c'est fait pour être raté, je lui ai parlé d'un ancien reportage avec une meuf qui l'avait raté 7 fois et qui en rigolait, je lui ai dit "la normalité ça existe pas pour le permis, tout le monde le rate, c'est n'importe quoi", j'ai vraiment senti que ça l'a soulageait et j'étais fière de moi, fière de servir à quelqu'un.
hier les petits commerces de courbevoie avaient tous mis un peu de leur marchandise sur le trottoir qui faisait face à leur boutique, on avait le chocolatier, le magasin de prêt-à-porter féminin, le traiteur, l'opticien, c'était un peu la fête et moi je passais à travers ces étalages pour rentrer chez moi.
quand il fait plutôt beau temps le magasin de prêt-à-porter sort toujours une tringle de vêtements hétéroclites juste devant le magasin et j'y jette toujours un rapide coup d'oeil, au fil des passages j'ai pu repérer une robe qui à l'air coul, elle a de beaux motifs roses fleuris et des bordures bleus marines à pois, enfin elle est belle, et à chaque fois que je passe devant la tringle je m'assure qu'elle soit toujours bien là à sa place, entre les autres chiffons. je ne m'arrête ni pour la voir de plus près ni pour voir son prix, je ne l'achèterai jamais mais sa seule vue, sa seule disponibilité me rassure.

vendredi 6 juin 2008

il me faut des photos d'identité pour mon simili-CV, j'appelle ma soeur pour lui demander si je les fais en couleur ou en noir et blanc, j'ai l'image des filles de mon ancien collège qui se prenaient en photo toutes ensemble façon "tribu qui tient pas dans la cabine", on pouvait voir le résultat sur leur skyblog qui était la plupart du temps en noir et blanc, peut-être essayaient-elles de dramatiser leur amitié, de dramatiser leur jeunesse, d'y ajouter la gravité et le romantisme qui y manquait. mais moi je les connaissais et je savais qu'être leur amie n'était pas digne de cette photo en noir et blanc et qu'il n'y avait rien a espérer de ces filles-là.
ce souvenir en tête, j'ai quand même opté pour le noir et blanc en espérant naïvement que l'absence de couleur dissimulerait mes cernes, mon eczéma qui refait surface, mes cheveux qui ne sont pas très bien, je n'ai juste pas assez dormi, j'ai été conne de faire ces photos à ce moment-là.
ce qui est cruel et énervant c'est que tu payes à l'avance les photos que tu comptes rater et tu n'as droit qu'à trois essais. Ca faisait tellement longtemps que je n'avais pas fait de photo d'identité, je n'ai jamais aimé ça, à chaque fois c'est la même chose : je me sens malmenée, réduite à un rectangle qui m'impose la vérité de mon visage, visage qui est arraché à son environnement naturel là où il n'est pas le centre des préoccupations. tout est fait pour que tout se passe mal : la lumière de parking, le fond blanc, le choix de dernière minute pour trancher entre le sourire ou les lèvres neutres, mais ce que persiste à ignorer le photomaton c'est que mon visage change d'un jour sur l'autre, parfois même d'une heure à l'autre. Baptiste l'avait aussi remarqué et j'étais contente de ne pas être la seule à percevoir ce que personne ne voulait croire. C'est parce que je m'intéresse beaucoup à moi et qu'il en faisait autant qu'on pouvait accéder à ce secret, au secret de mon visage, moi même j'ai mis du temps à comprendre à quoi Baptiste ressemblait, j'avais du mal à me souvenir de son visage sans une photo de lui devant moi et c'est parce que je l'ai beaucoup regardé, que j'ai essayé d'imprimer son visage dans ma mémoire comme du papier carbone que j'ai pu aussi comprendre la dualité du sien. On a tous au moins deux visages, l'un plus inavouable que l'autre, réservé aux proches qui n'ont d'autres choix que de tolérer nos failles, je le sais parce que c'est aussi valable pour ma mère, ma soeur et mon frère.

Une fois les trois essais épuisés j'avais le choix entre la peste, la rage et le choléra. le choléra semblait moins pire que les deux autres alors j'ai appuyé sur impression et quatre petites Murielle y sont sorties. Le résultat sur papier photo était encore pire que sur l'écran, l'impression était de piètre qualité, ma grosse tête prenait tout le cadre, j'avais des zones d'ombre sous les yeux, les traits foncés, ça m'embêtait d'avoir raqué quatre euros pour me voir laide, d'une laideur presque assumée et innocente. je savais que j'allais pourtant devoir recommencer le pénible exercice, sinon je serai prise nulle part.

jeudi 5 juin 2008

à tout moment je peux décider de changer de situation, à tout moment je peux décider de ne plus être en retard au lycée, à tout moment je peux me dire que je n'irai pas au cours d'anglais et alors d'un seul coup la pression retombera. je suis dans le train en direction du lycée, chaque minute me rapproche du retard et c'est avec décontraction et sans grande hésitation que je décide de ne pas aller en anglais et d'un seul coup tout devient plus simple, la journée semble plus belle, les gens et leur lenteur aussi.
dans le grand couloir qui mène jusqu'au métro je me concentre sur le bruit des milliers de pas des hommes et femmes d'affaires qui marchent plus ou moins au même rythme et qui réunis produisent le son d'une seule et même géante chaussure, en choisissant de porter des baskets aux talons silencieux je fais le choix de ne pas faire partie du spectacle, c'est ma rébellion à moi.

je ne fais pas tout de suite demi tour pour rentrer chez moi et décide de faire comme je le fais souvent en ce moment, c'est à dire aller un peu n'importe où, n'importe où se trouvant être souvent le virgin megastore des quatre temps.
il est dans les 9h du matin, une heure inappropriée pour se trouver un endroit comme le virgin. qui a besoin d'un cd ou d'un livre si tôt dans la journée ? le vigile semble me regarder d'un oeil suspect et je n'assume d'ailleurs qu'à moitié mon pas décidé vers le rayon "rock alternatif" et encore moins mes longues hésitations de presque une heure devant la large bibliothèque qui regroupe littérature française et étrangère, je n'ai jamais vu personne passer autant de temps comme ça, à prendre si au sérieux l'achat de quelques livres de poche, je ne sais même pas pourquoi j'achète des livres, j'en ai une trentaine qui m'attendent à la maison, des romans russes, des biographies et des essais, deux épaisses piles réjouissantes mais ça m'a toujours fait énormément plaisir d'en acheter, c'est un peu comme s'acheter une tarte aux fraises quand on est au régime, on cherche le plaisir instantané et rien ne compte en dehors de ça.

lundi 2 juin 2008

"y'a rien qui va, tu peux chercher mille ans, y'a rien qui va nulle part"
on regardait Paris Croisière et Christophe Ondelatte parlait de jesaisplusquoi, j'ai alors prononcé cette phrase et ma soeur en a ri. nos commodes collées l'une contre l'autre sont hautes de telle sorte que ni elle ni moi puissions nous voir, ce qui ici m'arrangeait car mes yeux commençaient à sérieusement s'humidifier devant la révélation que mes propos spontanés était en fait l'évidente conclusion de faits et de réflexions accumulés depuis déjà plusieurs mois.
je pense que tout le monde le remarque, les temps sont incroyablement durs en ce moment, pour toute la terre, à tous les niveaux, comme une sorte de gros nuage gris et opaque qui viendrait nous séparer du ciel, de chaos généralisé empêchant l'évitement, le détournement du regard. je dis "les temps sont durs" plus pour les autres que pour moi car si je n'étais pas aussi chiante je trouverais certainement que ma vie n'a finalement pas tant changé et que surtout rien ne valide ce soudain et définitif assombrissement. impuissante, je regarde, je lis et j'entends, les gens mourir, se plaindre légitimement, souffrir et ne plus pouvoir être heureux, en plus de ça je suis plus délaissée que jamais, à dormir, à ne pas savoir quoi faire, à écouter, à dire, à manger, à faire n'importe quoi un peu à l'image du monde et à ne plus pouvoir écrire que les mêmes ennuyeuses histoire sur cette tristesse acceptée, m'essayant à une fiction qui se débrouille toujours pour rejoindre la réalité, et tout me semble si insurmontable et si cruellement incompréhensible et il n'y aura jamais d'issue, tout va empirer à partir de tout de suite et on aura tous besoin des autres, besoin d'en parler.
tout est enfin pire dans le pire des mondes possibles.
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en cours d'espagnol je lis direct matin, la prof nous projette un film sans sous-titrage et dont j'ai raté le début, je me sens dans l'obligation de ne pas regarder même si quand je lève les yeux je tombe sur une scène particulièrement apaisante et émouvante, des enfants tout droit sortis des années soixante-dix dansent sur "Porque te vas", se moquant de le faire entre filles, ne saisissant pas l'ambiguité.
je lis dans les faits divers qu'un garçon qui jouait au basket est mort après la chute du panneau sur sa tête. voilà le genre d'informations qui parsèment mes journées des nouvelles du matin jusqu'à celles du soir, je ne sais plus comment réagir, parfois mes réactions sont disproportionnées et sur plusieurs jours je reste immobile dans le bus, le regard dans le vide, le livre entre les mains, effarée par tant de gâchis.
je fais un plan dans ma tête : le drame se passe, la tristesse se propage, d'abord de manière direct et violente dans les familles des victimes, puis de manière lente et clairsemée sur la population qui s'y est mise au courant un peu par hasard.

à la dernière heure de français j'ai suivi avec attention le mal de tête s'emparer de la mienne, la serrer dans ses mains, la broyer comme une framboise. à partir de ce moment une seule chose comptait : rentrer à la maison, se laver, manger, dormir. je ne m'étais jamais autant réjouit de l'arrivée d'un bus et de la vision d'un siège vacant, le bus se transformait alors en salle d'attente mobile qui allait me transporter juste à côté de chez moi, il fallait patienter et reprendre avec soulagement la lecture de "toutes les familles sont psychotiques" de Douglas Coupland, un petit pavé compact (comme savent si bien les faire les éditions 10/18) parlant d'un monde et d'une famille qui ne sont pas les nôtres et qui donnent envie de déballer toutes ces conneries sur la lecture comme moyen d'échapper à la réalité. je m'imagine fermer les yeux dans la douche, fermer les yeux dans mon lit.

je cherche le courrier, je crie un petit "ouaiis" en sortant l'épais tas de feuilles que forment le nouveau Technikart accompagné du Technikart mademoiselle, c'est vraiment la fête. en attendant l'ascenseur je déchire le plastique et entends encore comme l'écho du bruit, c'est en fait une voisine qui déchire elle aussi un plastique, la meuf qui vient de nulle part.

après 8 heures passée à trimballer mon corps de salle en salle j'ai enfin droit jusqu'au lendemain au tant mérité repos du guerrier. hier soir on avait prévu d'aller manger des sushis avec emile et myriam mais il est difficile de tenir des engagements pris dans de bonnes dispositions quand la fatigue compte régir vos actes des trois prochains jours. l'époque où je pouvais me permettre d'aller au cinéma le lundi soir est bien révolue.
la douche est chaude et le gel douche auchan à la vanille ressemble, non, est de la crème anglaise, il en a la couleur, la texture et l'odeur, je trouve ça un peu dangereux. je me dépêche parce que j'ai faim, la simili crème anglaise n'arrangeant rien. Ce midi, surestimant ma capacité à pouvoir tenir sans manger après l'évaluation de sport je me suis contenté d'un velouté fruix et des figolu trop trop bons de Cécilia, l'alimentation équilibrée n'est plus mon problème, le temps est à la survie.

le repas est consommé sur la table de la cuisine, les cheveux enveloppés dans une serviette, caviar d'aubergine et kebbeh, après ça vous allez penser que je mange libanais tous les jours mais il s'agit d'une coïncidence, les fruits, eux, sont universels et je finis sur du melon et un abricot obèse et bronzé. Arthur H raconte sa vie à Yves Calvi, une chanson de son dernier album passe, j'ai failli tout vomir.

J'apprends la mort d'Yves Saint Laurent, de ces hommes qui ont révolutionné le monde d'une révolution qui n'est pas venue jusqu'à nous, je n'ai jamais porté de smocking pour femmes. Je pense à Catherine Deneuve que j'ai toujours associé à ce couturier comme Madonna à JPG et qui doit être triste, j'ai encore l'annonce de la retraite d'YSL dans la tête, son dernier défilé. Il y a un mois je disais très sérieusement à ma soeur "retiens bien ça, je sens qu'Yves Saint Laurent va bientôt mourir", ça arrive qu'on ait des prémonitions.
Emile me crie un truc depuis la chambre de mon père, il me le répète cinq fois, je lui demande de venir, il me raconte qu'un garçon est mort dans son collège, "un troisième, il jouait au basket..." et je finis sa phrase. Il me dit qu'ils ont passé une journée spéciale, qu'ils ont écrit des petits mots pour les parents. j'imagine que chaque élève a dû se recueillir dans sa soudaine tristesse et tenter de saisir tout l'aspect définitif qu'a la mort et qu'on met si longtemps à réaliser totalement.